‘Qui’ devons-nous élire ?


Les élections présidentielles approchent : ‘qui’ devons-nous élire pour représenter le peuple et quelles sont les qualités, les vertus, qu’un tel être devrait posséder ?   

Jusqu’à maintenant la société et ses dirigeants ont fait fausse route. Toutes les idéologies[1] ont été éprouvées et elles ont échoué parce qu’aucune ne répond à la vérité profonde de l’homme. L’homme est un enfant qui n’a pas grandi : il est resté bloqué au stade de l’ego et le pouvoir qu’il convoite est avant tout le masque infantile (la persona) qui recherche la grandeur dans sa petitesse d’être sous l’uniforme du soldat, du prêtre, de l’homme d’autorité cravaté en adulte. Privé de ses fonctions, de ses pouvoirs, de ses uniformes, que reste-t-il de l’homme dans sa nudité d’être ?   

Il est évident que de donner à un ego le pouvoir de gouverner ne peut amener que des rapports de force, puisque l’affirmation de soi est l’état naturel de l’ego. Devenir plus, avoir plus, grimper dans l’échelle sociale, sont le modus vivendi de l’ego. Nous n’apprenons pas ! Nous sommes face à une destruction à l’échelle planétaire, mais le pouvoir enivre l’homme et le rend aveugle. L’homme, dans son stade présent égotique, possède une technologie bien trop puissante par rapport à sa maturité. Si dans l’arrogance de sa connaissance et l’ignorance totale de sa propre ignorance l’ego n’est pas qualifié pour gouverner un peuple, ‘qui’ mérite cette fonction ? L’antique sagesse ne dit-elle pas que ‘Celui qui sait qu’il ne sait pas est le plus grand des sages’. Cet adage nous donne une piste en ce qui concerne les qualités, non pas de statut, mais de noblesse d’âme, qui devraient être l’apanage de celui qui est choisi comme ‘responsable’ du bien-être de tout un peuple. C’est dans l’humilité dépouillée de tout orgueil que la fleur de la sagesse et de la vraie connaissance s’épanouit.  

L’homme n’est pas qu’un singe pensant en quête de bananes, il est aussi une âme. Un système purement économique, utilitaire, qui ne prend pas en compte son origine divine ne peut que s’effondrer.  

C’est un individu-universel qui devrait être élu, c’est-à-dire un individu qui ne vit plus pour lui-même en tant qu’entité séparée, mais a réalisé l’unité de la vie en son être, en son corps et son âme. Un individu qui perçoit autrui comme un autre lui-même partageant la même vie universelle. Nous ne sommes plus dans le concept utopique d’égalité que l’ego glorifie, mais dans la vraie égalité où toute chose, tout être, sont perçus dans le même Un. Qui pourrait-il exploiter là où il n’y a plus la division si nécessaire à l’ego pour régner et qu’il cache sous le couvert de l’unité et de la démocratie ? L’individu-universel est transparent car il vit dans l’intelligence et la lumière du tout qui éclairent son âme : il n’a plus de ‘moi’.  

Où trouver un tel individu sans ego et universel qui a subi une telle mutation de la conscience ? De plus en plus de communautés spirituelles se forment en réaction au mode de vie robotique de la société actuelle où l’individu est domestiqué, réduit au rendement, rabaissé à la vie animale du corps, à l’argent, à une existence purement matérielle et mécanique. Il y a de plus en plus prise de conscience collective d’un besoin urgent d’éveil spirituel par la pratique du yoga, du développement transpersonnel et d’autres disciplines alternatives. On parle de plus en plus de mort psychologique et d’éveil spirituel comme solution aux désastres dans lesquels les ego au pouvoir nous précipitent en masquant leurs visages et en nous obligeant nous aussi à porter un masque.  

Il est temps qu’un nouveau monde remplace totalement ce monde faux, qui ne doit plus être réformé, comme nous avons coutume de le faire, avec les palliatifs des idéaux des ego séparés, mais transformé dans l’unité vivante de la vie spirituelle. A partir du faux il est impossible d’arriver au vrai ! En fait, de tels individus-universels existent déjà dans notre communauté. Pour gouverner avec sagesse un groupe de personnes est nécessaire, chacun avec des qualités uniques propres à sa nature : un agriculteur à l’instar de Pierre Rabhi, un psychologue transpersonnel, un philosophe amant de la sagesse, un scientifique holistique, un professeur de yoga, et d’autres individus possédant une compétence nécessaire à la construction d’une société saine, harmonieuse, assurant une croissance organique de la vie générale sans jamais l’enfermer dans la fragmentation d’un système fermé, un régime, un parti. Le commun dominateur de ces individus, c’est qu’ils sont dépossédés de l’ego : ce ne sont plus la manipulation des mots, la bataille des arguments, la joute verbale ou du pouvoir qui règnent, mais l’ouverture à la vie divine indivise dont ils sont les expressions vivantes et créatrices. L’éducation n’est plus basée sur le statut social, l’argent, la compétition et le rendement, mais sur le développement intégral de l’individu-universel en son corps et son âme.  

Réalité ou Illusion ? Nous pouvons d’ores et déjà définir ce qu’est l’illusion car nous y baignons pleinement : ‘un monde bâti sur le sable du faux qui impose son mensonge sur la mascarade du vrai.’ Alors, qui élire : les représentants des illusions ou l’individu-universel qui incarne les vérités du réel ?  


[1] Idéologie : Il y a l’actuel et l’idéal. L’actuel est ce que nous sommes vraiment, l’idéal est une projection d’une idée particulière concrétisée dans un système idéologique (la gauche, la droite, le centre, catholique, protestant, etc.) qui tend vers l’accomplissement de l’idée de ‘ce qui devrait-être’. L’ego séparé et fragmenté essaye d’accomplir (et le plus souvent par la force) ce qu’il entend par unité, qui n’est en fait qu’une idée, une notion, par rapport à l’actualité de ce qu’il est en fait dans sa nature divisée. La question qui se pose est la suivante : ‘À partir de ce qui est divisé, fragmenté, séparé, peut-on atteindre la vraie unité’ ? L’ego peut atteindre ‘l’idée’ qu’il se fait de l’unité et en faire un système sans jamais vraiment connaître la vraie unité qui par nature est indivisible, holistique. Sans remédier directement à la cause qui est la fragmentation inhérente à l’ego, toutes ses aspirations vers l’unité ne sont qu’une échappatoire à la vérité de ‘ce qui est’, la division qui n’est que le reflet des egos séparés. On parle de paix mais on sème la guerre : voilà ce qu’est l’idéologie.  

Edité sur le site dominique-schmidt.fr par Dominique Schmidt, le 23/02/2022

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